Des élus défendent le pastoralisme contre le loup
Six présidents de conseil départementaux du Sud-Est interpellent le gouvernement et lui demandent de tenir compte des spécificités du pastoralisme dans la préparation du prochain plan national loup.
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« Nous vous demandons de mieux intégrer les attentes légitimes des éleveurs, qu’ils soient ovins, caprins ou bovins, dans le cadre du futur plan loup qui sera présenté à la fin de cet été. » Telle est la demande que portent les présidents des conseils départementaux de la Haute-Provence, des Hautes-Alpes, des Alpes-Maritimes, de la Drôme, de l’Isère et de la Savoie, auprès de la Première ministre, Élisabeth Borne, ce 1er août 2023.
Une activité en danger
Face au prédateur, les élus s’inquiètent de voir disparaître le pastoralisme de leurs territoires. « Nous notons que le nombre d’exploitations pastorales a connu une nette baisse au cours des quatre dernières années (–20 %), évolution que l’on doit mettre en parallèle du développement des attaques et de la croissance du nombre de loups (+114 %) sur la même période, qui n’est pas sans contribuer à la désaffection subie par la filière. »
Les présidents de ces départements évoquent la « situation de stress permanent, pour les bêtes comme pour les éleveurs » engendrée par la multiplication des attaques, et les contraintes imposées aux éleveurs. Tous ces « éléments dissuadent progressivement et sûrement l’ensemble des éleveurs de poursuivre ces activités. C’est pourquoi des mesures fortes s’imposent pour préserver le pastoralisme et soutenir réellement les éleveurs. »
Évaluer la population
Que demandent les élus ? Des « indicateurs de mesure de la population lupine qui permettent une juste et incontestable évaluation de la répartition [du prédateur] sur le territoire ». Les présidents des conseils départementaux évoquent « un certain nombre d’inquiétudes et d’incompréhensions » liées à la réunion du groupe national loup organisée le 3 juillet dernier.
Ils font allusion à l’estimation du nombre de loups présentée lors de cette réunion par l’OFB (1), et qui serait en « légère baisse en sortie d’hiver 2023 », par rapport à 2022. « Le malaise est compréhensible au regard des attaques qui ont connu une forte recrudescence durant l’année 2022 (+19 %), ce qui renforce la thèse d’une aggravation de la pression lupine, qui s’exprime notamment par la densification de sa présence. »
Du point de vue des élus, pour que la guerre des chiffres cesse, l’évaluation du nombre de prédateur « devra être coordonnée par un collège d’experts représentant les structures concernées, tant environnementales que d’élevage, et offrir des statistiques aussi solides et complètes que possible ».
Simplifier les démarches
La deuxième demande concerne la simplification et l’allègement des procédures de déclenchement des tirs de défense « de manière à préserver autant que possible l’intégrité physique des troupeaux et la santé psychologique des éleveurs. Il serait impensable et inacceptable de maintenir le statu quo, qui occasionne une inflation de dépenses, avec plus de 60 millions d’euros en 2022 pour financer la protection et l’indemnisation. »
Concernant l’indemnisation des dégâts consécutifs aux attaques de loup, les élus départementaux plaident pour une simplification des démarches, et son élargissement « aux disparitions de bêtes ainsi qu’aux pertes indirectes impactant significativement le rendement des exploitations ».
Face à la « prolifération du loup », le combat se situe aussi sur le terrain juridique. « Nous enjoignons le gouvernement à proposer sans tarder à ses collègues européens une révision de la convention de Berne (1979) et de la directive européenne “Habitat, flore et faune” (1992) », insistent les élus. Ces derniers défendent « une révision des socles juridiques qui protègent de manière disproportionnée » le prédateur, « sans pour autant remettre en cause les exigences de la préservation de l’espèce ».
Enfin, et toujours sur le terrain juridique, les présidents des conseils départementaux demandent au gouvernement l’établissement d’un « statut spécifique du chien de protection, les éleveurs étant actuellement découragés par les risques d’incidents impliquant leurs gardiens de troupeaux ».
(1) Office français de la biodiversité.
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